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Mango
9 juin 2005

Vilankulos, ses plages paradisiaques, ses noix de cajou divines, ses fonds marins extraordinaires, et ses... garages.

Il y a des jours comme ça, où dès le réveil on sent que la journée va partir en sucette. Que le monde entier s'est ligué contre vous et fomente un coup foireux pour vous pourrir la vie. D'aucuns y reconnaîtront mon perpétuel optimisme (ben quoi, c'est toujours mieux de s'attendre au pire, non ?), mais l'avenir va me donner raison, z'allez voir.

En arrivant au milieu de la nuit, on a monté notre tente sous un énorme arbre, juste à côté d'un des 5 blocs de sanitaires. Sachant que la dernière fois que j'ai campé à cet endroit je me suis ramassé l'équivalent du Lac Lément sur la gueule à 3 h du mat', cette fois-ci j'ai rusé. Au pire, en cas d'orage, on finira grillés comme des chipolatas, mais secs. Pas d'orage, youpi. Rétrospectivement, j'aurai presque préféré. A 6 h du matin, un raffut de tous les diables nous extirpe de notre sommeil. Un groupe d'abrutis tape comme des diables sur des tuyaux métalliques pas très loin. En effet, ce matin la direction du camping a justement décidé de démolir précisément le bloc de sanitaires qui se trouve à 4 mètres de nous. Encore vaseux, on essaie de se mettre la tête sous l'oreiller et de continuer notre nuit coûte que coûte, mais lorsque la moitié du toit du bâtiment s'écrase à vingt centimètre de nos têtes, ça nous décide à sortir de notre nid douillet à la vitesse grand V. Vous ai-je déjà dit que je n'étais pas un animal très sociable au petit dèj ? En cas de réveil tout en douceur comme celui-ci, c'est pire. Groumpf. Evidemment, les douches sont glacées, l'eau est marron foncé, et les toilettes hébergent un grand festival d'insectes rampants et grouillants, on se croirait dans Indiana Jones. D'habitude je m'en fous, mais là, ça n'arrange pas les choses.

Avec ma veine, la voiture ne va pas démarrer. Première bonne surprise de la journée, elle démarre. En route pour Vilankulos, notre premier arrêt 'officiel'. Durant les premières minutes du trajet, la voiture se comporte normalement. Le bruit bizarre est toujours là, mais bon, on avance. Et puis soudain, elle hoquette, crache, tousse, hésite, puis repart. A chaque changement de vitesse, il y a un moment de battement pendant lequel rien ne se passe, puis soudain le moteur semble reprendre ses esprits et accélère. Oh-Ooooh. Les deux cents kilomètres suivants sont un calvaire. En même temps difficile de s'arrêter au milieu de la brousse sans personne à l'horizon, surtout si on est pas sûr de pouvoir la redémarrer. A peine passé le panneau 'VILANKULOS', elle s'arrête définitivement dans un bruit infernal et avec un soupir de mammouth blessé à mort. Fini. Impossible de la redémarrer. La série noire continue... J'ouvre le capot, et m'y connaissant en mécanique à peu près autant qu'en triples pontages cardiaques, je me gratte la tête avec un air proche de celui d'une poule qui vient de trouver une calculatrice. Heureusement, en Afrique tout le monde vient vous porter secours -et avec le sourire- en cas de coup dur, et un gars m'indique un garage à deux pas. Je vais y quémander de l'aide, et une espèce de gorille couvert de cambouis se met à tripatouiller dans mon moteur de façon très décidée. Je pense que c'est bon signe. Je me mets le doigts dans l'oeil jusqu'au coude. Après 10 minutes, il appelle un second mécanicien qui fait de même. Et appelle un troisième. Et ainsi de suite jusqu'au cinquième, qui, après un conciliabule interminable avec ses congénères, vient m'annoncer qu'on ne peut rien faire pour moi ici. Il faut aller à l'autre bout de la ville chez le second garagiste.

Pouin-pouin-pouin-pouin-pouiiiiiiiiiiiin.

Je respire un grand coup, remercie poliment et marche 3 kilomètres en plein cagnard avant de trouver ledit bonhomme. Un monstre. Une gueule de tueur, un corps trapu et baraqué  de taureau, il fait froid dans le dos. Evidemment, il ne parle pas anglais, et mon portugais est, somme toute, assez limité... Je gesticule donc, dessine dans le sable (être bon au Pictionnary ça aide !) et finalement le gars pige qu'on doit être remorqué. Il me sourit en me dévoilant une dentition qui ferait peur à un pirhaña, et me montre fièrement une magnifique et flambant neuve remorqueuse jaune canari... agrémentée d'autocollants classieux (un middle-finger, deux nénettes à poil, un ROAD REBEL et enfin un adorable FUCK YOU!), de jantes en alliages, d'un pot sport, et d'un béquet. Mmmm, mais tu es un beauf fini, toi ! Je lui fais un grand sourire et lui montre mon admiration factice à grand coups de "Aaaaaah, Ooooh ! Super !!" avec le naturel d'un chanteur d'opéra faisant du parlé. On monte dans son engin infernal, qui, après 100 mètres, fait un bruit encore plus bizarre que ma voiture. Il a crevé. C'est pas vrai. C'est pas vrai-c'est pas vrai-cépavrai-cépavraiiiiiiiii !!!!!!

45 minutes et une roue changée plus tard, le gars se pointe ENFIN pour nous remorquer jusqu'à son antre, et là, devinez quoi ? Il s'ensable. Complètement. A dix mètres de nous.

C'est une blague.
Si, si, Marcel Béliveau va se pointer et nous dire qu'on passe à Surprise-Surprise. Mais non, l'enfoiré de Canadien ne se montre pas...

On passe donc la demi-heure suivant à tirer, pousser, creuser devant les roues pour le faire sortir de là. ENFIN, on y arrive et ENFIN il nous remorque... à la vitesse de l'éclair. Explication : comme il a peur de s'ensabler à nouveau, il conduit comme un cinglé, ce qui fait valdinguer ma voiture à droite et à gauche, on manque de très très près de faire connaissance avec un palmier, puis d'écrabouiller un groupe d'écoliers qui s'enfuient terrifiés en couinant. Mais on arrive sain et saufs...

Heureusement, il n'y a aucun autre client. Bon signe ou pas, on s'en fout. Il ouvre le capot et entreprend de tout démonter...

mozambique_004

Et là, l'attente infernale commence. Il est midi et demi. On ne veut pas laisser la voiture sans surveillance, avec toutes nos affaires dedans, aussi on se relaie pour aller se promener. Enfin, la nuit et le verdict tombent de concert. C'est une pièce cruciale du moteur qui a cassé. Net. Il faut la changer, mais (évidemment) il n'y en a pas ici, il faut donc la commander à Maputo. Ne me demandez pas le nom de la pièce, je la connais en espagnol, en portugais et en patois local, mais pas en français. Il faudra au minimum... deux semaines de délai pour la livraison.

...

C'est la cerise sur le pompon sur la goutte d'eau. On est abattu. Le gars semble sincèrement désolé... Et soudain semble réfléchir, puis revient et me dit qu'il va voir avec un de ses copains qui a de vieilles Suzuki s'il ne peut pas trouver une autre solution. Revenez demain. On se force à grimacer un sourire, et la mort dans l'âme on cherche un coin où passer la nuit.

Allez, demain ne peut PAS être pire.

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