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Mango

22 août 2007

FERMETURE DEFINITIVE Ici s'arrêtent les

FERMETURE DEFINITIVE

     Ici s'arrêtent les trépidantes aventures du Crocodile pour tout un tas de raisons, qu'elles soient professionnelles (en gros : plus le temps) ou personnelles (en gros : changements majeurs). Pas d'inquiétude à avoir, tout va très bien. TRES, très bien même.

     La fermeture de ce blog représente la fin d'une aventure fantastique, et me fait un peu mal au coeur. Un grand merci à tous ceux qui m'ont suivi, de France, de Suisse, du Canada, d'Australie et d'ailleurs, à ma famille, à mes amis, à ceux qui, au fil des commentaires sont devenus des amis, et aux anonymes de la toile qui se sont arrêtés sur ces pages.

     Vous allez me manquer...

                A très bientôt j'espère, ici ou ailleurs.

                                                                                           Sam

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10 mai 2007

On the road again!

Bon ben ca y est, le pays Scouse c'est fini pour moi. Pour l'instant... Au final j'ai rencontre pas mal de gens hauts en couleurs (cela inclut le orange douteux precedemment mentionne, hum) et je m'y suis vraiment bien plu. A suivre.

En attendant, l'aventure continue, apres ces quelques semaines harassantes (j'en vois qui rigolent dans le fond, petits batards) des vacances s'imposent. Enfin, si conduire presque 5500 km en 15 jours passent pour des vacances... (on sort les violons, souplait). Le plan est de descendre a Cape Town et d'y acheter un 4x4. Pas un petit Suzuki, non mon bon monsieur, un MONSTRE. Un Landcruiser gigantesque, affuble de pare-buffles a faire palir d'envie le producteur de Mad Max, de sandplates capables de vous faire traverser le Sahara les doigts dans le nez (attention en conduisant quand meme), d'une tente de toit et de tout ce qu'un baroudeur peut rever d'avoir dans sa voiture (filtre a eau, cuisiniere a gaz, air conditionne etc). Bref, cette voiture est un joyau MASSIF. Recuperer ladite Toyota, donc et la ramener au Malawi en conduisant le long de la cote Sud-africaine en s'arretant pour plonger (les raies manta sont au rendez-vous), se gaver de gambas et d'huitres, pour grimper le Drakensberg, camper dans le parc Kruger, traverser le Mozambique (Aaaaaaah, le Mozambique...) et enfin finir a Blantyre autour du 25 mai. Carte du voyage fournie gracieusement :

Picture1

Rendez-vous dans 2 bonnes semaines pour le recit du voyage (avec si possible des catastrophes majeures, vu mon karma calamiteux), on croise les doigts. En attendant, ce week-end c'est degustation de pinard a Stellenbosch, grimpette sur les flancs de la montagne de la Table et visite de Cape Town - You-houuuu !!

Allez, la bise chez vous et a tres vite.

Ah, puis si je ne reapparais pas en ligne d'ici juillet, pensez a envoyer les equipes de secours...

25 avril 2007

One month in Scouseland

Obtenir un financement du prestigieux ****** Trust est un évènement extrêmement gratifiant sur le plan personnel, comme professionnel. Outre un salaire assuré pendant 3 ans, cela comprend entre autres des stages pratiques pour apprendre des techniques de pointes dans des endroits exotiques comme Sydney, Boston, Cape Town ou… Liverpool.

Vous l’aurez deviné, j’ai commencé par la dernière destination, et me voila en pays Scouse (l'adjectif pour tout ce qui vient de Liverpool) pour 5 semaines. La transition Malawi/Liverpool se fait a la hache et vous laisse un peu déconcerté. OK, très déconcerté. Lundi a 19h vous sirotez une bière fraîche a Johannesburg en contemplant un coucher de soleil époustouflant, et après une nuit agitée dans un avion qui a connu des jours meilleurs, vous vous retrouvez hébété dans le terminal 1 de Heathrow Airport, baignant dans une lueur grisâtre et glauque d’aquarium en manque de maintenance. Le temps d’avaler un English breakfast (hmmmm rien de tel que des haricots cuits dans du ketchup tiède pour vous filer une bonne chiasse revigorer avant de sauter dans un petit coucou de BMI.

Les Anglais vivent vraiment dans un autre monde. Après l’expérience mitigée des baked beans, votre estomac sensibilisé se révolte franchement a la vue des hôtesses de BMI. Le bleu électrique de l’uniforme et le canotier a ruban de mémère a son chienchien seraient considérés n’importe ou comme une intolérable atteinte aux droits de l’homme, et entraîneraient des grèves a répétition en France. Mais non, les Anglaises arborent leur parure avec bonhomie et visible fierté. Il en va de même pour les officiers de police, affublés d’un casque qui rendrait Darth Vader presque élégant. Le conducteur du bus vous répond dans un sabir inintelligible parsemé de luv (love), hun (honey), et mate. Je suis flatté, mais n’imagine en aucun cas un chauffeur français m’appeler chéri, amour ou mon pote. Enchuuulééé, a la limite, mais a Marseille uniquement. Non, ici tout le monde fait ça, au Tesco du coin, excuse me, luv, where can I find some sugar – condoms – leaks? [rayer la mention inutile].

Spooky, mais mignon.

A peine arrivé, voila qu’on vous propose du thé, accompagné d’un curry de poulet a 5h de l’après midi. Euh, c’est très gentil, mais le thé suffira. Qu’on ne s’inquiète pas, un second dîner est prévu a 21h… Coté nourriture, c’est bien simple, soit c’est du curry, soit c’est frit. Longtemps, et de préférence servi avec la moitié de l’huile de friture, ce qui rend la déglutition accessoire : ça glisse tout seul vers l’estomac. J’ai toujours trouvé un chouilla déconcertant de pouvoir admirer son reflet dans sa nourriture, mais je suis sur qu’on s’y habitue très vite. On oublie les légumes frais illico, on bannit toute forme de fibres. Patates, baked beans et champignons en boite sont les seuls apports nutritionnels du monde végétal. Et quand on demande une salade a la place des frites, non seulement la serveuse vous regarde comme si vous lui aviez demandé de faire la roue nue sur la table en chantant God save the Queen, mais vous apporte ensuite une bonne portion de coleslaw, un espèce d’émincé de choux et de carottes baignant dans une mayonnaise synthétique visqueuse. On remercie et on se tait. Oui car l’Anglais – et spécialement le Scouse – est soupe au lait. Le premier conseil qu’on m’a donné en arrivant, était : quand tu marches dans la rue a Liverpool, ne regarde personne dans les yeux. Le Scouse est costaud, parle fort, se balade en troupe bovine et éméchée, et cherche n’importe quel prétexte pour s’amuser un peu. S’amuser, en l’occurrence, implique si possible la perte d’une ou deux molaires et d’un gallon de sang. Quand a la faune féminine, ma foi… il faut le voir pour le croire. Notre cagole nationale passe pour une lady a coté des spécimens locaux. La jupe se doit d’être a la limite de l’indécence – et de la cystite chronique – et le décolleté doit au minimum atteindre le nombril, ce qui fait qu’en cas de pluie – un phénomène peu rare sous ces latitudes – les demoiselles couvrent leurs décolletés en gloussant, sans doute pour éviter de mourir noyées une fois le Wonderbra plein. Si Beyoncé Knowles peut se permettre de telles habitudes vestimentaires, les jeunes filles ici sont courtes sur pattes, replètes (si on se demande pourquoi, se référer au chapitre habitudes alimentaires ci-dessus) et surmaquillées. Le tatouage est de rigueur, plus c’est gros, coloré et vulgaire, mieux c’est - le plus raffiné vu a ce jour étant une Schtroumpfette au sourire vaseux affublée d'une énorme chope de bière. La classe. Et le top du top semble être le bronzage artificiel... Je n'ai JAMAIS vu autant de salons de bronzages de toute ma vie. Ni autant de filles aux délicats reflets de citrouille blette. C'est un genre.

Enfin au final c’est bien simple, quand on sort en boite ici,  on a l’impression d’être dans une version érotico-gothico-trash de Fantasia.


Perturbant.

On comprends ENFIN pourquoi Dieu semble être le seul a pouvoir sauver la Reine dans ce pays...


[PS : desole pour les fautes d'accents, c'est extremement irritant de les trouver sur ces saletes de claviers QWERTY, je jette l'eponge apres 45 minutes passees a taper ces 3 pauvres paragraphes]

19 mars 2007

the scientist

Hier, en fin d'après-midi quelque chose d'incroyable, d'inattendu, presque d'inespéré s'est produit. J'étais dans ma voiture, bloqué dans un embouteillage en rentrant chez moi après ma séance de squash dominicale (entendez par embouteillage 5 voitures coincées derrière un camion roulant au pas) quand ça s'est produit. Mon iPod en mode aléatoire a soudain entamé la chanson the scientist de Coldplay, que je ne connaissais pas. Ici tout le monde partage sa musique et j'ai tendance a laisser n'importe qui me mettre un peu n'importe quoi sur mon iPod, ce qui provoque souvent d'étonnantes surprises, bonnes comme mauvaises. Bref. Coldplay, donc. Je n'écoutais que d'une oreille, quand soudain le ciel s'est embrasé d'un seul coup comme il ne le fait qu'en Afrique a la fin du jour, submergeant la ville d'une lumière orange magnifique, au moment même ou Chris Martin attaquait le refrain.

Et là, le temps s'est arrêté.

La musique entêtante, la tiédeur de la brise charriant des odeurs lourdes et âcres de feu de bois et d'épices, le coucher de soleil époustouflant, le rire des enfants jouant au football dans la poussière, la ville couleur sépia au ralenti... l'adrénaline qui bout a gros bouillons d'un coup, le barrage de dopamine qui craque, et soudain cède, les pupilles qui se dilatent, le coeur qui pompe, qui pompe, qui n'en revient pas, qui avait presque oublié comment on faisait, les poils des avant bras qui se dressent, les poumons qui s'emplissent a en faire éclater la cage thoracique.

Une vague d'euphorie. Un shoot de bonheur pur. La sensation, pour la première fois depuis des semaines, des mois, d'être au bon endroit au bon moment. La certitude que, finalement, tout va bien se passer. Car tout se passe toujours bien en fin de compte...

Je vous l'avait dit, le Croco reviendrait. Ben voilà. Dans la foulée j'ai décidé de reprendre mon blog - exactement 2 ans après avoir commencé. Parce que vous m'avez manqué, parce que j'ai encore beaucoup d'anecdotes a raconter (j'ai pris des notes pendant mon absence !!), et parce qu'on ne se débarrasse pas de moi aussi facilement.

C'est reparti, mon kiki !!

*** broad smile ***

18 janvier 2007

Puisqu'on en parle...

   Bon voilà, 2007 a bel et bien commencé et je me sacrifie au rituel des bonnes résolutions. Et la plus grande de cette nouvelle année, c'est de clarifier les choses. Oui parce que hein, je me suis rendu compte au fil du temps que j'étais un grand incompris, et que les lecteurs de ce blog (oui vous là, les trois au fond) se grattaient le tête d'un air dubitatif. Il est grand temps de déchirer le voile et de révéler la signification de ma bannière là en haut, que visiblement PERSONNE n'a trouvé amusante. Les mêmes personnes m'ont également demandé pourquoi je faisais de la pub à une marque de fringues espagnole. Et ben non, c'est pas ça du tout. En ces temps de bannières tendance (ce n'est pas Ménille qui me contredira), je ne peux pas me permettre de passer pour un bouseux plus longtemps.

Alors explication en deux actes. On saisit son crayon s'il vous plaît.

1 - l'illustration : il s'agit d'un dessin de Gary Larson, célèbre auteur du 'Far Side' qui m'a fait hurler de rire (pas de commentaires, s'il vous plaît) et j'ai immédiatement trouvé que ça donnerait parfaitement le ton de ce blog. Voilà l'original :

mangotango

Comme vous pouvez le constater, deux gorilles dansent le TANGO... TANGO. Et euh... voilà quoi. Avec la légende ça devrait suffire à faire rire... non ? Non ? Bon, donc l'un dit à l'autre qu'il a dû mal comprendre car il lui avait demandé une mangue (a MANGO... non ? Toujours rien ?? Dites, faudrait voire à faire faire un électro-encéphalogramme assez rapidement, hein !).

Mmmm, ceci dit c'est moins hilarant une fois expliqué....

2 - le nom : MANGO, en référence à la blague susmentionnée, mais aussi que fait que j'ai commencé ce blog en arrivant au Malawi, en pleine saison des mangues et que j'en mangeais à m'en faire péter la panse tous les matins. Ce n'est pas Cendre qui me contredira.

Donc voilà, mission accomplie, à défaut de faire rire, au moins vous comprendrez pourquoi MANGO. Oh oui je sais, tout le monde s'en fout. Mais en ces temps de disette intellectuelle, tout prétexte est bon à prendre pour pratiquer la respiration artificielle à ce blog sub-claquant en attendant des jours plus prolifiques !!

[qui vont venir, si, si]

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27 décembre 2006

L'enfer, c'est les autres

   Amusant comme de temps en temps, accès de paranoïa aiguë mis à part, on a l'impression que le monde entier s'est ligué contre vous dans le but de vous jeter à la figure vos échecs, ratés ou bévues. Après une rupture, la sensation est décuplée et le monde extérieur devient un champ de mines émotionnelles qu'il faut savamment contourner pour éviter d'être pulvérisé. Soudain tout vous rappelle l'autre, et le hasard se surpasse pour vous glisser subrepticement sous les pieds les pièges que vous pensiez éviter. Ou ceux que vous n'aviez même pas remarqués.

Je suis reparti de Paris jeudi dernier, le moral dans les chaussettes mais bien décidé à éviter de passer ma journée dans le TGV à broyer du noir. Peine perdue, le destin en avait décidé autrement. Pourquoi a-t-il fallu que je branche la radio en me faisant un café de bon matin ? Et qui était le sombre Iago qui avait insidieusement réglé la fréquence sur Chérie FM ? Un acte aussi misérable rendrait presque la peine de mort acceptable. Je me suis donc retrouvé, les yeux pas encore bien débrumés, à écouter SA chanson. Pas n'importe laquelle, hein, non, la chanson que j'associe toujours à cette chaude nuit d'été il y a quatre ans. Je me suis arrêté net dans mon élan, soudainement privé de toute envie de café, ou de quoi que ce soit d'autre. Une taloche hargneuse bien appliquée pour couper la chique au petit transistor, et je cavalais vers mon métro, direction la Gare de l'Est. Je n'avais pas fait un pas dans une de ces galeries glauques du métropolitain parisien, qu'un violoniste envoyé par Lucifer entamait le thème de Love Story et faisait sangloter son violon. LOVE FUCKING STORY !!! Parmi toutes les pièces écrites pour violon... enfin bref. J'ai accéléré le pas en essayant de fredonner 'viens boire un p'tit coup à la maison' pour enrayer la malédiction, mais c'était trop tard. Trois kilomètres de boyau carrelé plus tard, je me retrouvais sur mon quai à me geler les noix en attendant le train, quand un couple très affairé a cru bon de choisir le même banc que moi pour se lécher leurs amygdales respectives. Pas un des 54 autres sur le quai, non, le mien. Je vous passe les bruits de succion à vous exciter à mort un escargot de Bourgogne, et quand mon quota a été atteint j'ai eu subitement besoin d'un café. Très fort. La fille derrière le comptoir portait le même parfum qu'elle. Je me suis précipité dans le TGV sans commander quoi que ce soit.

Et là, au lieu de me retrouver seul avec mon iPod, il a fallu qu'une adolescente insupportable (non, je ne suis pas asocial, NON je ne hais pas les adolescents... enfin pas tous) dotée d'un minuscule portable vienne perturber ma confortable solitude en s'installant en face de moi dans le compartiment, à grand renfort de gloussements et de minauderies. Quand elle a entamé le jeu des 'non tu raccroches, non, toi, dis-moi encore, tu m'aimes non, on a dit que c'était toi qui raccrochais le premier, non, ihihihihihi, tu es bêêêête, oui je t'aiiime, non TOI tu raccroches en premier', il a fallu que je me fasse violence pour ne pas régler son problème en balançant ledit portable par une des fenêtres du TGV. Rien que d'imaginer la scène je me suis déjà senti mieux.

Quand ENFIN je me suis retrouvé au chaud chez moi, je me suis adonné à mon activité favorite en cas de coup de blues, la lecture de blogs. Wouééééé. Et là, l'ultime coup de massue. Pixie amoureuse transie, Ménille nageant dans le plus pur bonheur conjugal. SI C'EST PAS FAIT EXPRES, CA !!!! Du coup j'ai boudé, je me suis pris un pot de Häagen-Dazs aux noix de macadamia caramélisées et j'ai maté la saison 2 de Spaced. Aux grands maux, les grands remèdes.

18 décembre 2006

I'm all right... well, am I?

Sticks and stones break my bones
But tears don't leave any scars
So I'm all alright
I'm all alright
I've been lonely before

Le come back du Crocodile prendra un peu plus de temps que prévu, j'en ai bien peur.

11 décembre 2006

Mission: POSSIBLE!!

Voilà. Le verdict tant attendu du financement de mon projet de recherche a cheval entre l'Australie et le Malawi est tombé hier, après une semaine à me faire un sang d'encre et à me ronger les moignons qui me restent de doigts.

Eeeeeet...

...C'est reparti comme en quarante !!

30 octobre 2006

Boulettes, nostalgie et hémophilie....

La grande saison des examens vient d'être officiellement ouverte au College of Medicine, et après des semaines d'intense cogitation, d'activité neuronale dangereusement élevée et d'essorage synaptique extrême afin d'extraire de mon cortex poussif toute idée originale pour mes questions de TD, j'ai enfin rendu mes sujets à l'Examination Officer. Oui, alors attention, à l'Université on se prend très au sérieux et on a des noms pompeux et ridicules, même si tout balai qui se respecte refuserait catégoriquement d'être rangé dans ce qui nous sert de bureau. Les dates fatidiques des examens sont tombées comme un couperet pour mercredi dernier, en plein jour férié qui a donc sauté pour les étudiants comme pour moi - vive les joies de la surveillance d'exam.

Je suis bien évidemment arrivé en retard comme tout apprenti enseignant supérieur qui se respecte, qui se doit donc d'être bordélique et de chercher ce foutu emploi du temps 5 minutes avant de partir au boulot, mais siiiii tu sais, celui avec le nom de l'amphithéâtre dessus, il était juste hier soir bordeeeeeeeeeeel !! Après un petit 400 mètres haies sur le parking par dessus des parpaings entassés là pour la réfection de la cafétéria (rien de tel pour vous mettre en forme tôt le matin), je me suis enfin retrouvé devant la bonne porte, en nage et à bout de souffle. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de la salle que je me suis figé. Comme toutes les salles d'examen, il y régnait un silence presque religieux, perturbé par les toussotements tendus des étudiants et les pas lents et réguliers des surveillants se réverbérant contre les parois nues. Et là, dans cette odeur de béton frais et de craie âcre, la nostalgie m'a sauté à la gorge de la manière la plus imprévisible qui soit. Enfin nostalgie, nostalgie, faut pas pousser non plus, on en a assez bavé de ces longues soirées de révisions, de ces nuits blanches à potasser en dernière minute, mais siiiiii, je suis sûûûr que ça va tomber demain, les calculs mentaux tordus pour savoir quelle matière réviser le moins en fonction des coefficients, les malédictions hurlées mentalement à l'encontre des professeurs sadiques devant sa copie restée blanche, les rendez-vous, pâles, après les examens avec les copains, et finalement les attentes interminables devant le tableau d'affichage dans le grand hall, les cris de joie, les gémissements d'incompréhension et d'incrédulité devant une note lamentable, les notes, justement, qu'on vérifie deux à trois fois d'affilée en suivant la ligne avec son nom, le coeur battant la chamade en priant pour ne pas s'être trompé de ligne la première fois... Non ça, ça ne m'a pas rendu nostalgique. Mais tous les bons souvenirs de mes années fac me sont revenus d'un coup, les nuits blanches aux Catacombes avant de réenchaîner sur une nouvelle journée de cours à l'ULP de Strasbourg, les apéros fatidiques du jeudi soir à la fac de Montpellier II, les soirées STAPS démentes, les soirées mojito et les cafés à la chaîne pendant la thèse à Marseille... et tout ça... pour finir... tout seul au Malawi !! Ca m'a mis le moral à plat et j'ai eu le cafard toute la soirée.

Mais heureusement les copies sont arrivées à point nommé le lendemain matin, et m'ont rendu ma bonne humeur. Des petites coquilles mignonnes aux potentielles catastrophes médicales majeures, rien ne nous a été épargné. Petit florilège. Je rappelle qu'il s'agit d'un examen d'hématologie de 3ème années de médecine. la première question concerne un adolescent qui souffre de troubles bénins de la coagulation, avec comme indice un bilan sanguin indiquant un nombre anormalement bas de plaquettes. S'en suit une série de petite questions dont, selon l'étudiant, le pronostic (à savoir, grosso modo, est-ce que c'est grave docteur ?) - c'est bénin dans ce cas là, mais un étudiant me répond :

Le patient mourra. Il n'y a rien à faire, sinon prévenir la famille et préparer les funérailles. Mais cela n'est en rien le travail du médecin.

Mmmm. Un chouilla extrême. Continue à traiter tes patients comme ça mon gars, et je te prévois une carrière fulgurante en médecine légale. La seconde question concerne un enfant atteint d'hémophilie A, et après avoir passé en revue les antécédents familiaux, on demande les suggestions (de traitement) du médecin. Celle-là m'a fait produire un admirable Jason Pollock sur mon bureau, en sprayant mon café de rire.

Je suggère d'isoler l'enfant afin de limiter ses contacts avec les membres du même sexe au STRICT MINIMUM, et d'éviter les fornications contre-nature dégoûtantes lorsqu'il sera en mesure de procréer.   

Alors certes hémophilie et homophilie sont des mots assez proches, même en anglais, mais quand même. Ce serait hilarant si ce n'était dramatique. Pour les lecteurs horrifiés par la violence de ce propos, sachez que l'homosexualité est interdite et punie par la loi au Malawi, un pays strictement catholique. De ce côté là, on est pas loin du Moyen Âge... Mais c'est un autre débat. Un second m'écrit qu'il faut emprisonner les parents qui disséminent des gènes handicapants. Ben voyons, on peut les brûler aussi tant qu'on y est. Et que fait-on des porteurs de gènes de la bêtise et de l'atrophie cérébrale ? Pas handicapants ceux-là, mmmm ?

Mais ne généralisons pas, l'ensemble des copies était d'un excellent niveau. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, mon projet de recherche a été retenu par la colossale organisation susceptible de payer mon salaire pour les 3 prochaines années, je pars donc à Londres pour les entretiens décisifs début décembre. Sydney est au bout, ma tension artérielle est montée d'un cran. On est prié de croiser tout ce qu'il est humainement possible -et pas trop douloureux- de croiser pour moi. On vous remercie d'avance.

Martine ? Mousseux pour tout le monde !

16 octobre 2006

INFERNO!

Intérieur, nuit. Une buanderie familiale. Plan large, montrant une superbe machine à laver entre une planche à repasser et un tancarville. Une lumière de pleine lune filtre par le soupirail et éclaire la pièce d'un bleu lugubre. Un zoom avant nous rapproche lentement du hublot, par lequel on peut voir le linge tourner. Le son régulier du cycle s'amplifie au fur et à mesure, jusqu'à devenir insoutenable.

[voix off - masculine, grave]
"Au début, tout se passait pour le mieux. Elle était magnifique, blanche et émaillée, avec son gros oeil rond central, son air débonnaire. Elle ronronnait de plaisir quand on l'allumait, et prenait sa tâche très au sérieux. Aucune de mes chemises n'était ressortie aussi éclatante de blancheur qu'après son cycle intensif. Mais derrière ses aspects angéliques et efficaces, un machiavélique complot s'ourdissait dans les méandres de ses circuits malades et de son moteur maléfique."

Noir. Musique stridente, le titre s'affiche:

titre_DOROTHY_

**********

Tout a commencé par une tiède fin de journée de printemps, lorsque Julie est venue nous la livrer, avant son départ définitif du pays. Une machine à laver rutilante, achetée dans le but de soulager notre femme de ménage, de la rendre heureuse, ergo, de répandre le Bien. Mais qui aurait pu se douter qu'une telle blancheur immaculée pouvait dissimuler autant de perfidie ? On aurait dû se méfier dès la première semaine... Quand le programme court couleur à 30°C s'est subitement auto déréglé à 90°C, et qu'on s'est retrouvés avec une collection de vêtements pour Barbie et Ken. Mais non, quand on ne veut rien voir, on ne voit rien. Après tout il s'agissait de vieux T-shirts, pas de chemises Armani. Je me suis dit 'ça peut arriver ' et j'ai relancé une seconde lessive. Mais quand la seconde fournée est ressortie en lambeaux, on a été perplexes. On a ri (un peu jaune parce que là ma chemise blanche j'y tenais, hein, OK c'était H&M mais bon), et on a décidé de la baptiser Dorothy, en pensant que c'était probablement la cousine de Christine... Mais ni Stephen King, ni Dean Koontz n'auraient eu l'audace d'imaginer que cette machine à laver était en réalité l'Instrument de Lucifer.

Humiliée par un prénom aussi grotesque, La Machine Démoniaque décidait immédiatement et irrémédiablement de se venger en nous éliminant sournoisement par intoxication. Son plan entra en action lors de la troisième lessive, durant lequel elle produisit un épais nuage de fumée noire méphitique et lacrymogène, un truc infect à vous sécher un buffle à 200 mètres. N'écoutant que mon courage et frôlant ainsi une mort héroïque par asphyxie, je réussis à débrancher la prise du Monstre à temps, entre deux gerbes d'étincelles et avec force râles et moult larmoiements. Il nous fallut deux jours pour éliminer l'odeur âcre et les traces de suie sur le mur de la buanderie. Nous prîmes donc des mesures drastiques, et convoquâmes sur le champ un électricien slash exorciste. Devant l'ampleur de la tâche, celui-ci décréta qu'il lui faudrait au moins une semaine pour nous réparer slash purifier notre Dorothy, moyennant une somme équivalente à la dette du Libéria.

Cinq jours plus tard, notre machine à laver reprenait sa place entre la planche à repasser et le tancarville, avec un moteur et une courroie slash âme neuve. Mais le Démon n'avait pas dit son dernier mot, et derrière ses airs meutris de Jack Nicholson après une séance poussée de SportElec' dans vol au dessus d'un nid de coucou, son âme damnée n'aspirait qu'à la trahison et au meurtre. Cette nuit là, elle prit feu spontanément, pensant nous entraîner avec elle dans les abysses infernales par son immolation désespérée. N'importe qui eût été endormi à cette heure tardive et eût été subséquemment rôti séance tenante, mais c'était sans compter sur ses deux alcooliques de propriétaires en train de concourir pour la confection de la Margarita Parfaite sur leur terrasse. La petite olive à martini dans l'engrenage fatidique... Vers minuit, heure favorite des criminels, je me dirigeais vers la cuisine pour pallier à une pénurie de jus de citron, quand les flammes d'Hadès me léchèrent le visage et me firent roussir les sourcils... Il nous fallut quelques bons hectolitres (Dieu merci il n'y a pas eu de coupure d'eau ce soir là) pour éteindre le brasier, sachant que notre haleine n'agissait pas en notre faveur. La bataille entre le Bien et le Mal fit rage pendant vingt minutes.

La buanderie a été repeinte dimanche et seule une petite odeur de soufre flotte toujours dans l'air.

Dorothy a trouvé la paix. Elle trône dans le fond du jardin et sert de pondoir à nos trois poules rousses.

L'Esprit du Mal a déserté notre colline, et j'ai été sacré the Lord of the Margarita.

THE END

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